Accueil / Temoignages / 70 ans IGR-IAE Rennes : Gérard Cliquet, acteur clé de la Recherche et de l’encadrement doctoral
Acteur clé de la Recherche et de l'encadrement doctoral
L’IGR-IAE Rennes et l’Université de Rennes m’ont permis de développer mes travaux de recherche et mes enseignements avec la plus grande liberté.
Mon parcours a commencé dans le milieu professionnel : marketing dans un gros laboratoire pharmaceutique, gestion de trésorerie dans une grande entreprise de machines-outils, analyse financière dans une fédération de mutuelles. Puis ce fut une carrière dans l’enseignement secondaire débutée en Côte d’Ivoire, continuée à Caen où j’ai passé l’agrégation des lycées en économie et gestion. J’ai soutenu ma thèse sous la supervision du professeur Joël Jallais avant d’intégrer l’IAE de l’Université de Caen-Basse-Normandie à l’époque. Après une habilitation à diriger des recherches, j’ai eu la chance d’être reçu à l’agrégation des universités en sciences de gestion. J’ai alors été nommé à l’Université d’Angers avant d’être appelé par le professeur Joël Jallais pour présenter ma candidature à un poste à l’IGR-IAE. Les collègues m’ont reçu.
Il faut s’efforcer de garder les bons souvenirs et parmi ceux-ci, j’avoue que mon arrivée à l’IGR-IAE et ma leçon terminale m’auront marqué profondément : car j’ai été très bien accueilli en 1995 et très gentiment remercié pour ce que j’avais fait lors de mon départ en 2017. Je ne l’oublierai jamais. Un autre souvenir marquant parmi bien d’autres concerne la soutenance de thèse de Louis Le Duff, président du groupe éponyme en janvier 2004. Sachant que je travaillais sur les réseaux de franchise, le professeur Claude Champaud m’avait demandé si je voulais diriger la thèse de Louis. J’ai accepté et cela a abouti à une soutenance de thèse devant un parterre de journalistes et une diffusion des débats devant 700 collaborateurs de ce chef d’entreprise réunis en amphithéâtre à la Faculté de Droit.
J’ai participé en 22 ans de présence active à l’IGR-IAE à un certain nombre de diplômes disparus ou transformés depuis. Mais j’avoue que la responsabilité du Master Marketing Recherche pendant plus de 15 ans a été l’expérience la plus marquante non seulement par sa durée mais aussi par la qualité des échanges avec des étudiants qui pour beaucoup ont pu continuer en doctorat. Mes ambitions initiales étaient, d’une part, de préparer ces futurs doctorants au métier de chercheur, et d’autre part, de développer les méthodes quantitatives.
J’ai dirigé des unités de recherche associées au CNRS pendant environ 12 ans. Tout d’abord une unité de recherche associée, le LARGOR qui fut remplacée par une UMR (unité mixte de recherche) avec les économistes. J’en ai été le directeur adjoint en même temps que j’avais la responsabilité d’une fédération de recherche, l’IREIMAR, regroupant 3 UMR (économie et gestion, droit et sciences politiques) avant de prendre la direction de l’UMR CREREG devenu le CREM en janvier 2004 avec l’apport du Gemma de l’Université de Caen dirigé par le professeur Maurice Salles. La direction du CREM m’a donné une excellente occasion d’expérimenter un management de la recherche visant à renforcer la qualité des travaux, à développer leur publication afin de transmettre à nos étudiants les connaissances les plus récentes dans les enseignements dont ils bénéficient.
J’ai pu diriger 43 thèses dans ma carrière, 1 à l’Université d’Angers, 40 à l’IGR-IAE et 2 à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (Côte d’Ivoire) avec le souci de maintenir un équilibre entre les hommes et les femmes d’une part, et les Français et les étrangers d’autre part, ces derniers permettant aussi lorsqu’ils rentrent au pays d’enrichir la notoriété de l’IGR-IAE. Je suis parti en retraite au moment où les parcours recherche des masters disparaissaient ce que j’ai trouvé plus que regrettable. Mais l’IGR-IAE a su trouver la parade en créant son propre diplôme de formation à la recherche permettant non seulement de préparer au doctorat, mais aussi de former à la publication des travaux de recherche. Une formation à la recherche en sciences de gestion se doit de s’appuyer sur la littérature scientifique, de développer une vraie démarche méthodologique et d’inciter à avoir des contacts étroits avec le milieu des praticiens pour faire surgir des sujets qui leur soient utiles.
J’ai pu vivre l’évolution de l’IGR-IAE vers davantage de reconnaissance académique car l’IGR-IAE est désormais très connu en France à travers ses publications et surtout la qualité de ses enseignements tant en formation initiale qu’en formation continue. Cette notoriété est aussi réelle à l’étranger dans les instances internationales de plusieurs disciplines comme la finance, le marketing, la gestion des ressources humaines, le contrôle de gestion… grâce à la présence des chercheurs dans les grands congrès internationaux et à l’organisation de certains d’entre eux de manière régulière. Je regrette cependant que les moyens fournis aux universités aient été réduits depuis quelques années.
L’IGR-IAE et l’Université de Rennes m’ont permis de développer mes travaux de recherche et mes enseignements avec la plus grande liberté. Cette liberté est un point important pour un universitaire car, ayant enseigné dans une dizaine de pays, je ne l’ai pas toujours rencontrée lors de ces expériences, surtout concernant l’organisation des cours. Par ailleurs, je dois avouer que, pour avoir travaillé dans bien d’autres organisations (entreprises, lycées, autres universités), j’ai toujours apprécié l’efficacité de l’administration de l’IGR-IAE. Sa position dans la ville et dans la région est bien comprise par les acteurs économiques et ce avec une concurrence sans cesse accrue de l’ESC Rennes (dirigée par un de mes anciens doctorants), cette concurrence étant une bonne chose. Il convient d’ajouter que l’IGR-IAE est avant tout un Institut d’Administration des Entreprises (IAE), l’un des 5 premiers créés en 1955 par le professeur de philosophie Gaston Berger, à l’époque Directeur Général de l’Enseignement Supérieur, et créé à Rennes par la professeure Jane Aubert-Krier. Les IAE sont aujourd’hui un grand réseau de 39 membres et, pour avoir beaucoup étudié les réseaux, je sais que cela ne peut que renforcer la position de chacun d’eux et l’IAE de Rennes a toujours su en tirer profit.
La liberté d’entreprendre pour former des dirigeants et développer une recherche de qualité.